Blocs énergétiques : municipalités et entreprises retiennent leur souffle
« Tout le travail a été fait, il ne nous reste plus qu’à attendre les nouvelles », avance le maire de Baie-Comeau. La semaine dernière, le conseil de ville a octroyé 250 000 $ à une firme d’ingénierie pour dessiner des plans en vue d’optimiser le parc industriel Jean-Noël Tessier et encourager les entreprises à s’établir dans la région. Toutefois, la décision de Québec concernant les blocs énergétiques pourrait sauver ou plomber le développement économique de la Côte-Nord.
Cette nouvelle initiative est l’une des nombreuses mesures entreprises par la Ville de Baie-Comeau pour attirer l’industrie dans la région, incluant des entreprises de la filière batterie.
En effet, la Ville de Baie-Comeau entend relier l’important parc industriel Jean-Noël-Tessier, vu comme le prochain centre du développement économique de la région, à la route 389, qui relie Baie-Comeau et la ville minière de Fermont.
Le maire Michel Desbiens ne veut pas encore donner de prix pour cette nouvelle infrastructure, mais indique qu’elle était nécessaire
. Des conduits d’égouts et d’eau potable pourraient aussi être aménagés.
En élaborant ce parc industriel et en discutant avec les entreprises, la Ville souhaite ainsi jouer le rôle de facilitateur
pour que les entreprises souhaitent s’établir à Baie-Comeau, indique le maire.
Par contre, ces nouvelles dépenses et ces nouvelles infrastructures ne seront pas réalisées tant et aussi longtemps que la n’a pas reçu de bonnes nouvelles
, dit Michel Desbiens.
La mairie attend de savoir si un des nombreux promoteurs qui songent à construire des usines sur le terrain recevra les blocs énergétiques attribués par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.
La balle est dans le camp du ministère
, conclut le maire de Baie-Comeau.
Une décision de Québec lourde de conséquences pour la région
À deux reprises, le maire de Baie-Comeau s’est entretenu avec le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et son équipe pour discuter du potentiel industriel de la région, mais aussi de la nécessité de voir une nouvelle industrie s’établir à Baie-Comeau.
Après la fermeture de la papetière de Baie-Comeau en 2021 et la démolition des anciennes cuves Soderberg de l’aluminerie Alcoa la même année, la Ville a besoin de nouveaux revenus
, explique le maire.
Malgré les efforts de la Ville, l’avenir des projets industriels dans le Manicouagan et sur la Côte-Nord dépendra en grande partie de la décision du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie d’allouer des blocs énergétiques aux projets à venir sur la Côte-Nord.
D’ailleurs, les dernières annonces de Québec à ce sujet ont laissé un goût amer aux acteurs de la région.
Depuis 2015, le gouvernement du Québec a octroyé un total de 2500 MW à des entreprises à l’échelle du Québec. Selon le directeur du développement industriel d’ID Manicouagan, Guy Simard, une fraction de ces blocs énergétiques, soit 69 MW, ont été octroyés à des entreprises de la Côte-Nord, incluant Minerai de fer Québec.
Plus de 60 % des octrois de blocs d’électricité depuis 2015 ont bénéficié à la Montérégie et à la Mauricie
, estime M. Simard en faisant allusion au projet de l’entreprise suédoise Northvolt.
Si les entreprises n’ont pas accès à l’énergie nécessaire pour développer leurs projets, et bien, la Côte-Nord perd d’un coup sa carte maîtresse. Une citation de Guy Simard, directeur du développement industriel d’ID Manicouagan
Il soutient que l’énergie est un élément déterminant pour les entreprises et pour leurs décisions d’investissement
.
Guy Simard rappelle les caractéristiques et les infrastructures avantageuses de la Côte-Nord, notamment des ports en eau profonde, une infrastructure ferroviaire, un immense territoire riche en minerai et surtout, la proximité avec les réseaux de postes de transformation et les sources de production d’électricité.
Selon lui, une région qui produit le tiers de l’électricité [du Québec] devrait normalement avoir la possibilité d’en accorder aux entreprises
.
Les entreprises ont jusqu’au 31 mars pour présenter leur projet au ministère. La décision du ministère sera connue dans les prochains mois.
Source: Radio-Canada